Le monde broie du noir
Mais il suffit d’ouvrir les yeux
Pour saisir encore le chant des couleurs
Sentir en soi le frémissement des feuilles
L'arbre retient son souffle
Et brûle comme un encens
Les dernières larmes de la joie
Les roux de l'automne
Ont composé pour la rivière
Un vaste châle de prière
Où s’enroulera sa nuit
Je mesure à pas lents
Les progrès de l'hiver
La nudité du vent
L’enfouissement de la lumière
Les clameurs d’aube sur la mer
Le soleil qui descend
Prépare en nous sa sève
Il est temps pour chacun
De regagner la source
Il est temps de migrer
Loin des branches invulnérables
Il est temps de se glisser
En patience de bourgeons
Jusqu’aux racines du silence.